Week-end à la Meije
20/21 aout 2006 avec François
ou
Comment la Pierre-Alain m'a tombé
(et non pas: on a tombé la Pierre-Alain)
, F. GOUY; Aout 2006
Et oui, l'accident on pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres, et pourtant...
J1. Dimanche 20 aout
4h45 mon reveil sonne. Que c'est dur... j'ai dormi à peine 2h cette nuit, entre l'excitation et le stresse... Je me lève et j'entends la goutière de mon immeuble qui coule. "Pas bon" me dis-je. Habituellement lorsque la goutière coule lorsque je me lève, c'est le but rocher mouillé qui s'en suit. Mais là tant pis, ça fait trop longtemps que je suis pas aller en montagne, je ne me pose pas de questions, "on verra bien...".
5h20 je retrouve François au Péage de Vizille. On a pris 2 voitures pour en laisser une à l'embranchement de la Bérarde: On pose le C15, avec matelas et duvet au cas où on soit trop mort au retour, et on part dans la super punto jaune direction la Bérarde.
7h, les sacs sont faits, on décolle pour le promontoire. Le temps est bien couvert, tout est mouillé. Il a du sacrément pleuvoir cette nuit et ça a pas l'air de vouloir se lever... Ca veut tellement pas se lever qu'il se met même à bruiner et c'est dans cette atmosphère froide et humide qu'on avance tranquillement vers la reine de l'Oisans. J'ai beau essayer de ne pas me poser de questions, je commence à douter fortement du bon déroulement du week-end lorsque, ayant déjà bien dépassé le Chatelleret, les nuages daignent enfin se lever pour nous laisser entrevoir la plus belle des belles. La pauvre est encore bien verglacée en haut et détrempée dans le bas... On aperçoit même de belles cascades de glaces, notament au niveau des écoulements du glacier carré!!! Là, plus que de l'inquiétude, il faut se rendre à l'évidence: Demain on ne ferra pas LA voie qu'on avait prévu... elle est complètement mouillée en bas et platrée en haut et, avec ce temps couvert qui n'a pas l'air de vouloir se lever, c'est pas pret de sécher!
La loonnngue montée au refuge du promontoire
"Bon, montons au promontoire et on verra bien" mais l'euphorie est bien retombée... Pourvu qu'on puisse quand même faire quelque chose!!!
Midi, on mange un bout au refuge et il fait 5 degrés dans la pièce principale. Nous qui hésitions entre la voie des Marseillais ou Nous partirons dans l'ivresse, le choix est vite fait. Au vue de la face relativement humide et des températures glaciales, c'est l'Ivresse que l'on choisi histoire que le "calvaire" ne dur pas trop longtemps. Effectivement, on a déjà tous les deux pris la mesure de la caillante qui nous attends et on a pas du tout envi de s'eterniser dans la face. On choisi donc la voie la plus facile mais la facilité c'est moins pire que l'abandont, car sincèrement un aprème au chaud sous la couette ne m'aurait pas grandement dérangée à ce moment là...
Aller on se motive.
Baudard, corde, dégaines, crampons, piolet... On s'équipe rapidement puis on prends la direction du glacier. Une couche de neige fraîche recouvre le sol et il faut être prudent car les ponts de neiges et crevasses peuvent être camouflés. On monte donc doucement au pied de la voie en faisant quelques détours pour éviter certaines zones douteuses. A 13h on est enfin prêt à grimper. Crampons et grosses au baudrier je m'élance dans la première longueur. Le rocher est bien bien mouillé et avec mes super chaussons "montagne", je ne peux pas trop compter sur mes pieds. Va falloir sortir les bras pour passer le pas de A0...
Moi dans la première longueur??? (François c'est ça??)
François à l'autoportrait
Ambiance big walls au programme...
Les longueurs s'enchainent vite, le reversible est efficace et le froid aussi. Je sers un peu les fesses dans la longueur en 6a dalleuse car mes chaussons sont vraiment vraiment plus des patinettes que des chaussures de grimpe mais bon au moins ils sont confortables, on peut pas tout avoir...
Le rocher et beau et l'escalade magnifique, le soleil pointe sont nez et finalement on arrive à être pile poil bien. 4h20 plus tard j'enchaine les deux dernière longueurs, superbes, verticales et gazeuses à souhait, pour atteindre le sommet. Je fais venir François. C'est absoluement magnifique, cette tourmente de nuages de brumes et de soleil enlisant les sommets autours... Vraiment superbe...
Un spectre de lumière halucinant (spectre de Broken) nous attendait au sommet...
Si ça c'est pas avoir la tête dans les nuages, ou être au ciel...
Quelques photos et on attaque vite les rappels. Il fait si froid une fois qu'on arrête de bouger... Malgres les innombrables becquets, pièges à cordes, les rappels se passent sans encombrent jusqu'à l'avant dernier où, au moment de rappeler la corde, celle-ci decide de faire une pause. François remonte la décoincer et par deux derniers beaux rappels dont un joli fil d'araignée, nous mettons pieds sur le glacier où nous chaussons les crampons afin de regagner le refuge du promontoire.
ca tombe bien, on arrive au refuge juste apres que les "demi-pensionnaires" est fini leur repas. Au moins on peu se mettre "au chaud" tranquilles sans avoir peur de géner. Apres la sacro sainte binouze cacahouète, je prends un litre d'eau chaude pour faire tremper mes pates et ma soupe et François s'attaque à son taboulet carottes saucisson soupe... Une fois fini de manger on discute un peu avec les autres grimpeurs. La voie qu'on avait prévu de faire n'est à priori pas du tout en condition, ce sera donc par la Pierre-Alain qu'on passera pour gagner le sommet de la reine Meije puis on prévoit d'enchainer sur la traversée des arêtes pour descendre de l'autre coté. François a déjà fait la Pierre-Alain mais ne s'en souviens pas plus que ça à priori. Il est donc ok pour la refaire et au moins je pourrais rester un max devant, histoire de m'entrainer au max à la recherche d'itinéraire.
J2. Lundi 22 aout
(Pas de photos car c'est dur de prendre la pause en cavalant...)
4h30, il est temps de se lever. On descend et petit-déjeune vite fait (enfin pour ma part du moins ;-)) Je suis équipée et prète à partir que François est encore en train de manger. J'attends donc qu'il finisse et qu'il s'équipe à son tour puis on prend enfin la direction du rappel. On ne s'encorde pas au départ ni sur la vire facile mais on se retrouve vite au cul des anglais, l'autre cordée partie pour la PA. On pose le rappel, desescalade une dizaine de mètres puis on chausse les crampons pour remonter le glacier en direction du départ de la voie. Les anglais on pris un petit peu d'avance car ils avaient des brins plus long leur évitant la desescalade en bas du rappel mais on les rattrape bien vite à l'attaque. Je trouve qu'ils attaquent un peu bas d'ailleurs. Je vois le départ plus haut. Au début François n'est pas d'accord puis finalement approuve. La rimaye forme un beau pont de neige qui n'a pas l'air solide du tout. Plus légère ( et surtout plus rapide à m'équiper ) je décide d'y aller puis je fais venir François depuis le rocher. Il est 7h et l'escalade débute enfin, je suis plus que motivée et c'est plein d'entrain que je me lance à l'assaut de la Pierre-Alain!!!
Connaissant tous les 2 les premières longueurs, on s'est mis d'accord pour grimper à corde tendu. Ca file donc assez vite : grimpouille, traversée, dièdre, traversée dalleuse, dièdre, et enfin je gagne le fauteuil. Là le rocher se couche et c'est au pas de course qu'on se dirige vers l'extrémité superieure droite du fauteuil pour enfin attaquer l'escalade. Je commence par un système de dièdres puis de petits piliers puis de dalles. Là je me met un petit combat dans une section dalleuse pas protégeable avec mes grosses d'hiver (j'en ai pas d'autres !!) bien rigides... Du coup François passe devant le temps que j'enfile mes chaussons. On est toujours au cul des Anglais qu'on a rattrapés apres avoir suivi des cheminements différents, et une cordée Italiano-américaine ne tarde pas à nous rattraper. C'est sympas, l'ambiance est bonne, il fait froid mais pas trop et le ciel bleu est magnifique... Que du bonheur quoi!
Au relais suivant je rejoins François, récupère le matos et repart devant. Bien vite je suis interloquée par le chemin suivi par les anglais. François, qui ne se souvenais pas de l'itinéraire jusque là, retrouve enfin la mémoire et me conseil quant au chemin à suivre. Je pars donc dans un systèmes de fissures bien protégeables avant de faire relais sur un bonne vire. Je fais venir François, récupère le matos et repart non sans râler dans une fissure au début surplombante: "mmmmmm suis sur que c'est pas là, que c'est les Anglais qui ont raison de passer là-bas à gauche, là c'est trop dur, ggnnrrrr" ... Au bout de quelques mètres je m'habitue au style et en fait l'escalade n'est pas si dur ni desagréable que ça.
"10 mètres" me cri François. "Ah? Euuuu, bon ben je vais faire un relais...". Je réalise qu'a quelques mètres en dessous de moi à gauche il y a un beau relais (2 pitons) mais ça va être galère d'aller le chercher. Je fais donc un joli petit relais comme je les aimes, avec une jolie sangle autour d'un beau becquet... Puis là, je me dit que mon becquet est peut être un peu léger pour la fissure bien physique en dessous. Du coup je rajoute un bon friend histoire de sécuriser tout ça.
François me rejoint et la première question qu'il me pose c'est
"-Il est bon ton relais? (C'est qu'il me connait le bougre.)
-Muf, oui, pourquoi??
-Parce que la fissure au dessus elle envoit un peu...
-Ba vérifie par toi même alors!!
François vérifie mon relais et considère qu'il est bon. Il me tend alors le matos.
-Non, vas-y un peu, moi je fatigue, je vais passer un coup en second histoire de me reposer.
-Ok, pas de problème."
Et il part en direction de la fissure.
Entre temps le premier de la cordée Italianno-américaine était passé. Il n'avait pas, comme nous, fait de relais intermédiaire et était sortie sur la plateforme au dessus de la fissure.
Et d'un seul coup tout bascule. Alors que François n'a fait que quelques mètres en ascendance gauche vers la fissure, l'énorme caillou qu'il a dans les mains se détache de la parois et d'une lenteur inestimable, bascule effroyablement dans le vide, enmenant François avec lui... François se met à crier mais complètement desequilibré, il ne peut rien faire. Je réalise bien vite ce qu'il se passe et notamment qu'il n'y a aucun point d'assurage entre François et moi, ni même de renvoi sur le relais, relais constitué d'une pauvre sangle sur un becquet et d'un petit friend... Le choc risque d'être terrible et de tout arracher... J'attrape donc la corde au dessus du tube qui me sers à assurer, accroché à mon baudard, et la sers aussi fort que je peux afin d'amortir le choc, tout ça les yeux rivés sur mon friends, attendant la sortie de celui-ci, sortie qui serait synonyme du grand plongeon pour nous deux...
Je ne sais ensuite comment décrire ce moment attroce où la corde s'est tendu. Attroce parceque j'étais persuadée que tout allait sauter, que c'était le dernier moment... J'ai serré fort, si fort cette foutu corde pour que mes bras, mon corps, encaissent le choc et laisse une chance au relais de résister. Et miracle, c'est ce qui c'est passé. Ce friend que je n'avais pas quitté des yeux n'a pas bougé. La sangle non plus. Ouf... et François? François??
"-François?? Ca va???
-Oua putain, ouai ça va, ouaaaa.... Ouuhoouu en dessous ça va? Tout va bien??"
François encore la tête en bas, la jambe par dessus la corde s'empresse de prendre la mesure du drâme qui a pu se produire en dessous de lui...
"ok, ok, it's good"
Ouf, l'Italien va bien, sa corde n'a rien...
"-François, tu peux te relever s'il te plait??
-Ouaaa ce vol putaiiiiinn...
-Bordel relève toi j'ai la main écrasée par la corde, viiiite!!!"
D'un bon François agrippe le rocher pour soulager la corde. Là, je libère ma main et découvre les dégats: La corde m'a arraché tout l'interieur de la main et la puissance du choc me l'a écrasée, elle est comme broyée... J'ai vraiment mal, mal comme rarement j'ai pu avoir mal dans ma vie. La chair est à vif, les lambeau de peau relevés, je souffre le martyre. Reste plus qu'a attendre que ça passe me dis-je, mais pendant ce temps la douleur est tellement vive, intense que je n'arrive même plus à parler. J'ai la nausée, j'ai envi de pleurer mais je n'y arrive même pas. Il faut attendre que ça passe...
François mesure directement l'ampleur des dégats et sort son portable pour appeler les secours.
"-Non, non, je veux pas me faire sortir par l'hélico. (Foutu fiereté)
-Et comment tu veux faire alors? Tu te sens de grimper jusqu'à l'échappatoire du glacier carré?
- A ben non, effectivement là c'est pas possible, je ne peux plus rien faire avec ma main. Rien que de toucher quelque chose avec me fait souffrir à hurler alors la bouger, m'en servir pour grimper, ça ne va pas être possible.
- Bon ben j'appel les secours.
- Ok"
Malheureusement on s'aperçoit bien vite que le téléphone ne passe pas et qu'il est impossible de joindre les secours. Pendant ce temps l'Italien qui à du voir passer sa vie devant lui en même temps que le frigo que François vient d'arracher, nous rejoint. Il a aussi un téléphone et essaye à son tour de joindre les secours mais rien... Il me donne une bande, au cas où je voudrai envelopper ma main dedant mais ce n'est pas possible. La chair est à vif, ça me brûle, j'ai du mal à imaginer comment je pourrai poser quelque chose dessus, au contact directe de la chair, ça serait insupportable.
Finalement François explique à l'Italien que le téléphone devrait passer une fois qu'ils seront au sommet et qu'il faut alors qu'ils appelent les secours. Nous on va attendre là. Moi je suis complètement en vrac, autant secouée par ce qui vient de se passer et la peur que j'ai eu de voir mon relais s'arracher que par ma main broyée et la douleur que je ressens à chaque instant.
François décide de renforcer le relais auquel on est pendu tous les deux. C'est vrai que maintenant qu'il a résisté à un tel choc (facteur combien? j'sais pas mais beaucoup!!), à priori, il ne va pas péter juste sous le poids de notre tension mais ne sait-on jamais. Puis faut bien s'occuper...
Il rajoute donc un coinceur puis un piton en renfort mais on reste evidemment en tension sur l'ancien relais. Moi je stresse à mort que le relais lache quand il brasse trop... Je crois que je suis quand même pas mal chamboulée...
Rapidement le froid se fait ressentir. On est là, en plein vent, pendu dans le vide. François m'aide à m'habiller et fait de même. On remet les grosses puis finalement on décide de faire un casse dalle pour passer un peu de temps et reprendre un peu de pêche. Effectivement, quand je suis en montagne je m'astreins un régime sévère pour ne pas être malade. Du coup, même si je n'ai pas faim c'est toujours limite... Là, plus peur d'être malade, du coup je me lâche: saucisson aux chanterelles, tome de savoie, taboulet, chocolat... apparemment l'apétit va bien, c'est que ça va pas si mal ;-)
Ca va pas si mal, c'est sur. Le fait est vite confirmé lorsque, au bout de 4 HEURES D'ATTENTES, François me propose de me mouliner à la petite terrasse en dessous, afin de se poser plus confortablement pour continuer d'attendre les secours. Si nos calculs sont bons, les autres cordées devraient sortir au sommet vers 14/15h. Il nous reste donc encore quelques heures à tuer et on est vraiment pas bien là, pendu dans le vide. Bref je disais que le fait que ça va pas si mal est vite confirmé car lorsque François me propose de me mouliner je me met à râler comme un putois sur cette idée "à la con". En fait je ne sais pas si mon râlement traduit le fait que ça aille pas ou plutôt que ça aille bien mais en tous cas François en prend plein la tête lorsqu'il brasse sur le relais, me faisant frissoner à chaque instant à l'idée que celui ci puisse sauter et m'obligeant à bouger ma main qui me fait si mal. Ensuite le moulinage est galère et là encore le pauvre François a les oreilles qui sifflent...
A peine le cul posé sur la vire que je me dit "Wouaou, qu'est ce qu'on est bien ici!!". J'ai même envi de crier à François qu'il se dépèche de venir me rejoindre pour profiter au plus vite de l'ambiance farniente au soleil mais je me dit qu'apres avoir râlé comme un putois j'allais vraiment avoir l'air conne alors je m'abstient. J'aurai bien assez l'air conne comme ça lorsqu'il me rejoindra dans quelques minutes...
François prends sont temps là haut. Il doit faire un super relais. En fait il s'occupe plus qu'autre chose. C'est vrai que l'attente est longue. Ca fait plus de 4 h qu'on est là...
Puis il arrive en rappel. Il est tout content "Woua j'ai fait un super relais de la mort là-haut, si fallait refaire un topo de la PA il serait dedans". Bon, c'est cool, apparement il ne m'en veut pas des mots que j'ai eu contre lui juste avant. Il est vraiment gentil quand même...
Maintenant on est tous les deux là, le cul posé sur cette petite terrasse. François à de plus en plus mal à la cheville et se rend vite compte qu'il n'arrive plus à s'appuyer dessus. Et merde, il a son stage des fondamentaux à l'ENSA la semaine prochaine. Pourvu que ça ne soit pas trop grave et qu'il puisse y aller car ça repousserait tout d'un an...
Le temps passe et mes espoirs de voir arriver les secours diminuent. je ne sais pas pourquoi mais je le sens mal. Dormir là? Non pas possible, il fait trop froid! Et pourtant si l'hélico ne vient pas on aura pas le choix...
Tout à coup TRRRRRRRR,
"-Putain c'est quoi ce bruit? L'hélico, l'hélico!!!"
Notre coeur s'emballe. Mais retombe vite. C'était juste une pierre. Fausse alerte, va falloir patienter...
7h30 qu'on attends. Ca commence à être long. Le soleil passe derrière le pilier et l'ombre nous gagne. Il fait 14°c à l'ombre à 15h alors combien fera-t-il cette nuit??? Des mauvaises pensées commencent à me gagner l'esprit. Pourvu qu'ils viennent!! Et s'ils ne comprennent pas ce que disent les Italiens? Et s'ils attendaient de voir si on arrive pas à s'en sortir par nous même? et si le mauvais temps se levait?? J'aurai du donner mon nom aux italiens. A priori c'est la semaine des CRS et les CRS de Grenoble je les connais bien apres avoir passé 3 mois avec eux. J'ai noué des liens solides et je sais que s'ils savent que je suis en galère ils mettrons tout en oeuvre pour me récupérer...
Je commence même à me dire que l'on va grimper jusqu'au glacier carré histoire de récupérer l'échapatoire, mais ni François et son pieds foulé, ni moi et ma main meurtri ne seront capable de grimper ni même faire les manips de corde necessaires à l'ascension. Pas le choix il faut attendre...
Et tout à coup c'est la libération: l'hélico rouge arrive. Il survole la face mais plus en haut. Nous on est là tout en bas. On fait des signe, on prends la position du Y (YESSSSSSSS!!!) et on prie pour qu'il ne nous loupe pas... L'hélico tourne un bon moment avant de s'approcher enfin vers nous. Un CRS descend au bout du treuil et vient se vacher sur notre relais. Je le reconnais quasi de suite, c'est Jérome!! Lui aussi me reconnait, il me demande qui est blessé. Je lui montre ma main. Il va donc me treuiller tout de suite. Ca va tellement vite que pas le temps de réaliser que je suis en train d'être hélitreuillée que je me retrouve propulsée par le mécano au fond de l'hélico. Là je réalise à quel point ces hommes sont des sauveurs. Je le savais déjà, et j'étais bien placée pour ça, ayant fait mon stage de Master 2 là-bas, mais là, alors que je me retrouve moi même directement concernée, je prends la mesure de la chose et vraiment, vraiment je leur dit merci du fond du coeur. Même si le danger n'était pas iminant, dormir une nuit sur place aurait été pour moi tres tres tres difficile. Je ne sais pas trop à quoi ça aurait pu aboutir. Ce que je sais c'est que si j'ai pas dormi là c'est grace à eux. Merci beaucoup. Du coup je ne peux retenir mes larmes, et, alors que je devrais être heureuse et soulagée, j'éclate en sanglots,... c'est la délivrance!! Le mécano qui à du réaliser que je n'étais pas un gros bourru me fait de gentils sourires réconfortants mais rien n'y fait je ne peux m'empecher de pleurer. Je suis si heureuse, soulagée. Je suis sauvée. C'est con comme les émotions sont décuplées dans des situations comme ça mais ce que j'ai ressenti à ce moment là était vraiment tres fort... Enfin je peux craquer, me laisser aller, c'est fini, on est sorti d'affaire!!
L'hélico me pose au promontoire ou je suis acceuilli par Patrick, un autre CRS. "tiens Rachel! Ben justement hier je suis aller grimper aux Saillants et j'ai pensé à toi...". On s'était fait une session grimpe là-bas lors de mon stage...
François treuillé à son tour ne tarde pas à me rejoindre. L'hélico repart chercher Jérome, le ramène au promontoire puis nous reprends pour nous descendre à LA Bérarde. A peine 2min plus tard c'est Sylvain (cf. http://meije.over-blog.com/article-3353666.html) et Carol qui nous acceuil pour nous ramener en 4x4 au poste de secours. A peine sortie de l'hélico que Sylvain me lance "J'étais sur que c'était toi. J'ai vu ta voiture sur le parking en arrivant ce matin et lorsqu'on a reçut l'alerte je savais...). Le Duke, Cedric et Florian nous acceuillent au poste. Pendant que Sylvain prend la deposition de François je monte me faire nettoyer la main par Cédric. Que je suis contente de les voir tous! Dommage que ce soit dans de telles circonstances... Cédric me fait un joli bandage et je descend rejoindre les autres.Il nous offre à boire et autour de quelques bières, on se fait un petit encas animé par le passage de quelques "locaux" venu dire bonjour (et faire quelques partie de pétanque) aux CRS qu'ils commencent à bien connaitre. Vers 18h je vais chercher la voiture pour charger François qui ne peux plus poser son pieds et c'est ainsi qu'on dit aurevoir aux gars pour prendre la route de Grenoble et des urgences.
Finalament on s'en sors bien. Une grosse brulure pour moi mais rien de cassé. Rien non plus pour François à part un bon mal au pied certainement du au choc de la chutte. Rien à part une belle frayeur, et surtout le germe d'une reflexion profonde sur ma pratique de la montagne et du reste. Sur la vie et les choix à faire. Sur mes objectifs et priorités... et sur le fait qu'IL FAUT TOUJOURS PROTEGER SON RELAIS!!!! ;-)
En tous cas, même si je leur ai déjà dit 1000 fois, je dit encore merci aux CRS pour leur intervention, sans oublier le pilote et le mécano de l'hélico. "Mais tu sais Rachel, on est payés pour ça" me répondent-ils, modestement. Mais je sais qu'un treuillage en parois n'est pas anodin et je sais aussi que les risques d'un accident sont toujours là est bien présents, et eux aussi le savent, mieux que personne d'ailleurs. Alors même si c'est leur travail, ils mettent leur vie en danger pour d'autres, pour nous, pour que l'on puisse pratiquer notre passion au mieux, en prenant le moins de risques possible justement, alors merci à eux, merci pour tout.
Moi, accrochée au foutu relais qui nous a sauvés, attendant les secours...