Chamonix
Aiguille Verte - Couloir en Y branche de gauche
le 11/06/06 avec Yannick
[ Les photos sont momentanément indisponibles, dès que j'ai le temps je m'occupe du problème...]
Un jeudi soir des plus classiques en ce 8 juin... et l'ultra inévitable classiquissime question: Que vais-je faire ce we????
DRIIIIIIIIIIIIIIIING !!!
" - Allo?
-Allo, salut c'est Yannick, ça va? Dit, tu fais quoi ce we?
- Ba euuuu
- Le couloir en Y à la Verte ça te dit?
- A ben ouai forcement!!!
- Bon ben ok ! "
Et voilà comment je me suis retrouvée samedi à 5h30 du matin dans la voiture de Delphine avec Marie et Yannick en direction de Chamonix.
5H30 raaahhh que c'est tôt! Surtout pour "juste" monter au refuge de La Charpoua !! Moi je sors de ma dernière semaine de partiels et je suis cassée. J'aurai bien besoin de quelques heures de sommeil. Je négocie et gagne tout au plus 1/2h. Tant pis faudra se lever...
Bref arrivé à Cham on gagne la mer de glace par le train du Montenvers, on la traverse et par les echelles on rejoint le sentier qui monte au refuge de la Charpoua. Midi et quelques, on est au refuge. Juste le temps de manger un bout et le monde commence à arriver : 2, 3, 4, 5 personnes... et c'est pas fini, on se retrouve vite à plus de 20 dans ce mini refuge mais l'ambiance est bonne, ça discute ça rigole tout va bien. Surtout que je reconnait vite Jérome, puis Patrice, puis en discutant avec 2 Gapençais fort sympathiques je me rends compte qu'il y en a un qui connait bien mon village et est en fait un cousin de cousins à moi !!
Delphine, Marie, Yannick, Thierry et moi,
des "cousins" qui se rencontrent pour la première fois à la Charpoua, c'est pas énorme ça !?!!
Les mêmes avec le compagnons de cordée du "cousin"
Bref, l'ambiance est sympathique jusqu'à qu'on entende un gros bruit au dessus du refuge. On lève la tête : @#[*$, les cascades du départ du Y viennent de se casser la gueule dans une grosse coulée qui à tout ramassée!!! Comment on va passer l'attaque!!!!
Alors là on se réunit au sommet avec Yannick : on fait quoi? On va faire Naïa? Mais on a pas assez de broches!?! Pffff... On ne sait plus.... Finalement on opte pour un reveil à 23h30 car d'autres cordées (comme Marie et Del) ont prévu de partir à cette heure là et donc quand on arrivera au pied de la face on verra bien si ils ont pu passer ou pas et s'il n'ont pas pu, alors on partira dans Naïa...
Le refuge et la Verte qui joue à cache-cache avec les nuages
On se marche un peu dessus mais l'ambiance est bonne au refuge
Manger, dormir, papoter, rigoler, manger, dormir, papoter.... occupent notre après-midi
Comme prévu on décolle du refuge vers minuit. Evidemment lorsqu'on arrive au pied de la face les cordées ne sont pas encore parti et le bouchon commence dès la rimaye. Les filles ne voulant pas avoir de pression nous laisse passer. Reste qu'on se retrouve au cul d'une cordée de trois qui n'avance pas. Ils tapent des longueurs dès le début alors qu'il n'y a absolument rien de technique...
Nous et nos frontales dans la première longueur du Y
( à, à, à la queue leu leu !!)
Apres avoir mené l'approche je laisse passer Yannick qui attaque la première pente de neige raide. Quelques mètres de neige dure tout droit puis on traverse une cascade à gauche, puis, par une dizaine de mètres (environ?!?) de neige dure on rejoint des becquets au dessus où la cordée de devant à fait relais. Là, lorsque j'aperçoit la suite : du bon mixte glace/rocher (et comme j'aime beaucoup le mixte :-)) je demande à Yannick s'il veut bien me laisser passer devant. Il me répond que ça l'arrange, alors c'est tant mieux au moins tout le monde est content et je pars ainsi me régaler dans ce bout de cascade mixteuse... enfin le régale est de courte durée puisque je me retrouve vite à grimper au cul des 3 de devant qui tirent toujours des longueurs... En plus les seconds (surtout un d'ailleurs) ne paraissent pas tres à l'aise (même carrement taquet par moment) et ils bucheronnent sévère en prenant soin de m'envoyer dans la tronche tout le peu de glace qu'il reste au fond de ce pauvre couloir... Finalement on mettra plus de 2h pour passer ces quelques difficultés!!!
Yannick et moi sur l'arête de neige avant de traverser au dessus du rognon pour rejoindre le couloir dans le bas du Y
Les difficultés fini, on enquillera tout le reste à corde tendue. Apparemment, soit je suis bien en forme, soit Yannick ne l'est pas trop, mais du coup je resterai devant jusqu'en haut afin de donner le rythme et préparer à Yannick un bon relais sur becquet (comme je les aimes) lorsque ces mollets lui tirent trop...
Que la vie est belle quand on est en montagne!!!
Couloir de neige, traversée puis mixte avec un peu (mais vraiment un peu) de glace en haut, tout s'enchaine assez vite.
La "fameuse" cordée de 3, maintenant derrière nous...
Hop, je passe la corniche...
... je fais venir Yannick, puis par un bout d'arête...
on gagne le sommet,
il est 7h du matin, que c'est beau le jours qui se lève sur le massif du Mont-Blanc!
Mais une fois au sommet, et à la Verte plus que jamais, on est pas rendu !!!!!
Il y a la queue au rappel... Tout ceux montés par le whymper et les autres cordées du Y (dont celle de 3 qui s'est littéralement "ruée" pour nous passer devant), forment déjà un joli petit attroupement... Certains finissent par partir en desescalade. D'autres attendent. Moi je suis pas trop fatiguée mais je sens que Yannick est quand même un peu éprouvé. Puis les filles ne sont toujours pas arrivées... Finalement on décide de faire la queue afin de descendre en rappel. Ca nous permet de récupérer et surtout d'attendre que les filles arrivent.
Finalement elles arrivent alors que c'est toujours pas à nous. Tant pis maintenant on est plus "dans le mouv" et du coup on attend sagement, et longuement, notre tour...
Les rappels commencent et le calvaire aussi. 15, 16 ou 17 ?? (je sais plus) rappels à gérer, c'est éprouvant !! Heureusement Marie m'aide efficacement et Delphine à la patate. Ainsi, 5h plus tard, plusieurs coulées à proximité (surtout sur le bas) et de nombreuses remontées sur corde plus tard (j'essayais de "gagner des rappels" en tirant au plus long, mais ça passait pas toujours...), on arrive ENFIN au pied du Whimper avec pour finish un passage de rimaye acrobatique et un "enfonçage" jamais vue: de la véritable brasse coulée! Normal, il doit faire 30° !!
Résultat: A chaque pas on enfonce au moins jusqu'au genoux. Et grosse maligne que je suis j'ai pas pris de bâtons... A chaque pas je ne peux me réequilibrer et je m'étale lamentablement dans la neige. C'est quasi impossible d'enchainer plus de 10 mètres sans me vautrer!!! Et il fait toujours aussi chaud! Cette fois ce sont les filles qui nous sèment vite. Yannick me propose un de ces bâtons, mais je me dit qu'il en a assez bavé à les monter alors je ne vais pas lui en priver à la descente... et c'est ainsi que je le verrai s'éloigner rapidement à la suite des filles vers le refuge du Couvercle pendant que je tangue inlassablement dans la neige...
Je retrouve Yannick au Couvercle. Il a trouvé des potes à lui avec qui il discute en m'attendant. Je bois un coup rapidos et on repart direction le Montenvers. La decision était prise qu'il fallait aller au plus vite afin d'arriver à avoir le train et ainsi éviter l'interminable retour à pied à Cham. On part donc comme des balles à la descente. Enfin il n'y a plus de neige et je peux me remettre à courir. Sur la morraine en bas des échelles je ne tarde pas à rattraper les filles. Elle m'expliquent rapidement le retour (je ne suis jamais passée par là avant je ne connais pas...) et je me remet à cavaler dans l'espoir de chopper le train et de négocier une "attente" dans le cas ou ils ne seraient pas tous arrivés à temps. Je cours je cours et evidemment je me paume. Je saute de crevasse en crevasse, monte, descend, remonte de vrais dunes de caillasses et je ne sais plus du tout ou je suis.... Au bout d'un (lonnnng) moment j'arrive enfin à me situer sur le glacier et ne tarde pas à regagner les échelles du montenvers. Là je rejoins des types que j'ai doublés dans les échelles... Puis en remontant je reconnais des gars que j'ai doublé sur le glacier, d'autres que j'ai doublés juste en dessous du refuge du couvercle, en enfin je vois les filles et Yannick !!!! Il est 17h et quelques et on est tous là et le dernier trains n'est evidemment pas parti (17H30 dernier départ). La pression redescend enfin! Après 17h non stop, ça fait pas de mal!
Le cul poser dans ce @#¤$ de train qu'on a eu si peur de louper, la gueule cramée par une si longue journée au soleil, une bonne bouteille d'eau entre les pattes histoires de récupérer un peu des 15L d'eau qu'on a du perdre aujourd'hui. Finalement, le bonheur peut se résumer à bien peu de choses...
(à venir peut être, une anecdote sur LA fameuse cordée de 3.... si l'envie m'en prend :-))