Pic Sans Nom
Aurore Nucléaire
le 2 aout 2006 avec François
Une crémaillère, quelques bières et les projets fusent. c'est ça que j'aime en montagne, les rencontres, les gens, la passion, le partage. Alors quand on rencontre un passionné comme ça, comme moi, forcément on ne tarde pas à mettre nos grands projets à execution. Alors même si j'ai du grimper 3 fois en trois mois et que le mois dernier mon seul entrainement sportif fut le pilier Nord de la Gandolière (soit finalement 500m d'escalade facile avec juste 1 pas de 6a...), ben nous voilà parti pour le Pic Sans Nom et la fameuse Aurore Nucléaire, la voie qui me fait tant envi depuis si longtemps...
Mardi 14h30, je suis devant espace montagne, j'attends François. Il crêve de chaud, qu'est ce qu'on va être bien en montagne. Je stresse un peu à l'idée de partir pour une telle voie alors que je sais que j'ai pas du tout la caisse mais la veille au soir j'ai mangé avec un gars qui a fait la devies-gervasuti à l'Ailefroide en solo en 6h alors je me dit que Aurore Nucléaire c'est de la gniogniotte à coté de ça, j'ai qu'a me sortir les doigts du ... et ça passera!!
Arrêt courses à Bourg d'Oisans, bouchons à Briançon, touristes sur la route d'Ailefroide... Finalement on décolle du Prés de madame Carles à plus de 18h apres avoir fait les sacs. Chargé du bivouac, des bieres et des cacahouètes, ils sont énormes et pèsent lourds. On est bien contents lorsque, à peine être allé cherché de l'eau apres avoir atteint le bivouac, des anciens qui bivouaquaient là, éguayant tout le secteur à coup de grands éclats de rire (et de bon rouge qui tache), nous proposent des pates car ils en on fait trop pour eux. Ils avaient du en faire une sacrée dose car le "surplus" s'avère être une pleine gamelle de penne à la tomate et au parmesan... On se fait pas prier et arrosé d'une bonne binouze, de cacahouètes, de jambon cru, de soupe aux bolets... on se fait un super festin de roi. Le pétage de bide fini, on se met vite au chaud dans les duvet afin de profiter du ciel étoilé jusqu'à tard dans la nuit. Et oui, mettez 2 bavards ensemble et ça passe la nuit à papoter plutôt qu'à dormir. Pas bien malin sachant ce qui nous attends le lendemain.
Préparation des sacs
François le casseur ;-)
François qui repère la voie depuis le bivouac...
... pendant que je fais chauffer l'eau de la soupe
Reveil à 4h30, des frontales passent déja sur la moraine... On déjeune rapidos puis on s'équipe. On a pas descendu la moraine que déjà une autre cordée part en direction du Pic Sans Nom. On les croises vite fait, oui oui, ils vont aussi faire Aurore. Plus en fomre que moi ils nous doublent rapidement. Faut dire que j'ai quand même un peu le bide en vrac. Le thé du matin ne m'a pas soulagé longtemps. En dessous du glacier de petites coulées libères un peu d'eau. J'en profite pour faire un arrêt libérateur. J'ai bien fait: apparemment j'avais pas encore digéré les pates de la veilles!! Mais maintenant elles ne me feront plus mal à l'estomac!!
6h15 on est au pieds du glacier. On chausse les crampons, les piolets, on s'encorde et on monte à la rimaye en passant au mieux les crevasses béantes. La rimaye impose un petit pas d'équilibriste au dessus du vide. François y va, succèdant les 2 cordées nous ayant rattrapé et dépassé pendant l'approche (où pendant que je gerbais pour être moins gracieuse ;-) ;-)). On traverse des vires faciles en grosses jusqu'au relais équipé du maillon rapide qui nous servira à descendre tout à l'heure. Là on pose grosses et matos de glacier pour ne garder que ce qui nous servira à l'escalade.
Moi dans je ne sais plus quelle longueur...
Vue plongeante sur le glacier noir.
La voie débute et la lutte aussi. Il fait vraiment froid et je suis complètement congelée malgrés mon pull, ma polaire et ma gore-tex. On m'avait dit que ça caillait en face Nord du Pic Sans Nom mais à ce point... Alors le long combat commence pour moi. Je pars devant, c'est facile, ça grimpe tranquille mais je suis prudente car le rocher est pourri. Au relais je rejoints les gars de la cordée de devant. Finalement ça ne me dérange pas. D'habitude j'aime être seule mais là au moins on papotte, ça passe un peu le temps. Il fait si froid... François arrive et attaque la première longueur dur. Il galère un peu, comme les gars des cordées précédentes d'ailleurs. Ca m'inquiète un peu car apparemment ce sont tous de bon grimpeurs alors moi qui suis ni forte, ni entrainée... Effectivement j'en chie bien au passage dur. A froid sur des gniackette avec les doigts congelés et le sac qui tire, c'est dur. Puis à moi de passer devant. Le départ en 6b au dessus parait bien physique. Tant pis c'est à moi j'y vais... et la lutte continue. A chaque longueur, ça grimpe, c'est pas facile, je ne sens plus mes doigts et ma grimpe est assez approximative étant donné mon manque d'entrainement. Les points sont loin voir tres loin, voir tres tres loin... les coinceurs difficiles à poser... à chaque relais les muscles se raidissent, le froid est saisissant... Finalement à la septième longueur je propose à Francois de faire aussi la huitème devant afin d'échanger le reversible car depuis le début je me tappe les longueurs les plus dures en tête et vu que j'ai pas la forme on perd grave du temps (contrairement à lui, le bougre, il à tombé un 7a+ à vue au proba du guide 3 semaines avant!!). Chose dite chose faite, je fais L7 et L8 devant et d'ailleurs me met de beaux combats dans L8 et sa traversée en 6a bien gazeuse et expo... Mais finalement necessité faisant loi mes friends sont mieux posés que jamais. Enfin je sais poser de bons friends!! Comme quoi se mettre au taquet ne veut pas dire faire n'importe quoi!
L8 ou la longueur qui à eu raison de moi
A mon (grand) soulagement françois prends donc la relève de la tête de la cordée pour L9 puis finalement, vue notre "non avance" sur l'horaire et l'état de mes bras, il reste devant pour les deux longueurs suivantes. Et quand je passe en second, je suis d'ailleurs bien contente qu'il soit devant ;-) ;-)
Youpi, enfin du soleil!!
Le classique mais inévitable autoportait
Finalement les dernières longueurs ne me font même plus envi tellement le froid à eu raison de moi et je propose donc à François de "torcher ça" pour qu'"on se casse au plus vite!". chose dite chose faite, on enquille la fin de la voie et démarre aussitôt la descente en rappel.
Les lunettes de circonstances...
"Putain le toucan c'est trop tooooop!"
"A ouai? Ben fallait pas le laissez tomber!"
Aller on est parti pour une looonnnngue descente en rappels (15 rappels) et François à la bonne idée de laisser tomber son toucan. Du coup il s'improvise un descendeur fabriqué à coup de 4 mousquetons imbriqués mais ça vrille la corde et c'est galère pour les manips... De plus un relais sauté et c'est encore un quart d'heure de plus de perdu... Finalement apres un dernier rappel avec passage acrobatique d'une rimaye bien ouverte, on arrive au pieds de la voie à plus de 19h et bien claqués... On essai de rester concentrés pour passer le petit bout de glacier crevassé qui nous permet de rejoindre les pierrailles du glacier noir où on range enfin la corde pour prendre la direction du bivouac.
Un petit pas accro pour franchir la rimaye...
et ça y est on est sur le glacier...
...maintenant ON SE CASSE!!!!
20h, une bière, des cacahouètes et de la crème mont blanc en main, on fait une sacrée pause bien méritée au Balme de François Blanc. J'apprends à ouvrir une bouteille de bière avec un briquet puis on recharge les sacs pour la dernière fois afin de retrouver le C15 qui nous attends sagement au Pres de Madame carles...
1h30 du matin, bien crevé et ayant réchapés à une panne d'essence qui ne nous aurait pas fait rire du tout on est enfin sur le parking d'espace montagne. Ni une ni deux, même pas on prends le temps de défaire nos sacs, tant pis, on se rendra nos affaire une autre fois, on rentre chez nous, au radar. Encore une super croix.... des payasages plein la tête, de l'adrénaline plein les veines, des courbatures plein le dos et des ampoules plein les pieds, finalement c'est ça la montagne, de la souffrance et du bonheur à la fois, mais faut croire qu'on doit vraiment être maso car on aime sacrément ça, et si la météo le permet, on y retourne dès ce week-end, et pour faire "pire", ou "mieux", comme vous préfererez :-) :-) :-)